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Qui m'aime me suive...
18 mai 2007

Pourquoi j'ai aimé le dernier film de David Lynch.

395px_InlandempirepostL'affiche ne dit rien du film. Je ne la connaissais même pas en allant le voir. Je n'avais pas non plus lu d'article, de critique, ni même vu la bande annonce. Mais je suis allée le voir : ce film m'attirait mystérieusement, sans que je sache l'expliquer... je savais que j'y trouverai quelque chose pour moi.
Pourtant Mulholland Drive m'avait laissée pantoise. J'étais sortie de là frustrée, agacée, déçue... j'étais restée sur ma fin. Sans avoir su m'abandonner à mes sens et mon intuition, et bien sure sans avoir su vaincre par l'esprit, par la logique cartésienne et irrépréhensible de l'explication et qui lutte contre les signes contradictoires en présence, l'énigme qu'à chaque fois David Lynch nous soumet, où plutôt à laquelle il nous soumet.
Cette fois la sorcellerie de Lynch a opéré sur moi. J'ai adhéré à 200%. Je me suis laissée aller à son voyage dans mon inconscient. Parce qu'elle est là la clé. Les films de David Lynch parlent à notre inconscient. Alors nécessairement, s'il y a quelque chose dans les images qu'il nous dévoile, qui trouble notre inconscient, l'interpelle trop brutalement, on décroche facilement, et notre conscience reprend le dessus. Et quand on sort de son univers, que notre intellect se réveille, c'est le début de la fin, on s'éloigne du sens, on perd le fil... et alors on réfléchie, on essaye de maîtriser le récit, sa logique, de l'expliquer, et notre esprit livre une lutte sans mercie, et perdue d'avance, contre une logique qui ne lui est pas accessible, puisqu'elle est autre. Ce film parle à votre inconscient, voire votre subconscient. Si vous résistez, vous en êtes exclu. Laissez vous hypnotiser.
Toutes les raisons qui m'ont conduites à aimer ce film sont intimement personnelles, et il n'est pas question que je les débale ici en détail. Je peux simplement dire que je comprends très bien ceux qui ont décroché quand au bout d'une heure, Lynch nous a plongé dans l'inconscient de son personnage, nous perdant dans un labyrinhte d'angoisses cauchemardesques de son personnage principal. J'ai été de ceux là avec Mulholland Drive. Sauf que cette fois, il me semble que la frontière entre le conscient et l'inconscient était plus évidente, et que les espaces et les temps qui s'entremèlent étaient plus identifiables que dans son précédent film...
Cette femme "in trouble" du sous-titre (voir l'affiche), incarnée par Norma Dern, dont les quelques rides confèrent encore plus de charme qu'à l'époque de Sailor et Lula, cette femme "in trouble" ce sont toutes les femmes "in trouble"... de tous les temps, et de tous les espaces qui se mèlent dans ce film. Cette femme est le seul fil conducteur de ce film, et tous ces doubles, surgis on de ses comment de d'autres espaces ou de d'autres temps (y compris celui de cet autre film jamais terminé qui semble porter la malédiction) ne sont qu'une amplification de son angoisse, de sa culpabilité.
Finallement cette femme infidèle porte avec elle toute la culbabilité de toutes les femmes infidèles avant elle... toutes ces femmes qui ont juste suivit leurs pulsions sexuelles, qui ont juste suivie la nature de leur sens et de leurs désirs... Et cette culpabilité, à qui la doivent-elle, sinon à l'idée que si un homme infidèle n'en a que plus de mérite, faisant ainsi preuve de sa puissance et de sa virilité, une femme infidèle n'est rien de plus qu'une "salope", une "pute", dans le jugement des autres, de l'autre, de son mari, de l'homme...
Alors que les hommes qui ont vu ce film n'aient pas réussi à s'y laisser porter, c'est sans doute que leur inconscient a été dérangé par cette femme "in trouble" qui porte depuis Marie-Madeleine, et peut-être même avant, toute la culpabilité de sa liberté sexuelle, à cause d'une morale judéo-chrétienne pesante... Quoiqu'il arrive, si un film de Lynch vous trouble, c'est qu'il touche quelque chose d'étranger en vous, un noeud, quelque chose qui coince, ce qui peut être reste un défi personnel pour vous, une chose enfouie si profondéement  en vous que vous êtes loin d'être prêt à l'affronter, consciemment.
Moi cette liberté mal assumée, cause d'angoisses, je m'y suis retrtouvée, elle m'a parlé, elle m'a touché, au point que quand à la fin a surgit la voix de Nina Simone, j'ai pensé à cette autre chanson qu'a si majestueusement interprété la diva : "Four Women", et qui résumerait assez bien la clé de ce film, à vivre à la première personne du pluriel, ou du singulier, tout dépendra de votre penchant pour la communion universelle.
David Lynch ne s'explique pas. Il se ressent.
Il le seule véritable maître d'un langage audiovisuel purement sensoriel et quasi métaphysique que je connaisse.

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