Petit lexique (agaçant) des expressions auquelles on finit par s'habituer... (5ème partie)
Cinquième (et dernière ?) partie d'une longue série de découverte linguistique, au coeur de la Colombie profonde. Mais peut-être en trouverais-je d'autres à vous expliquer, quand ma connaissance de la langue et de la culture colombienne sera plus subtile... Si Dios quiere!
Tranquilla... - Adjectif favori des colombiens... qui dit tout du rythme auquel il font les choses, et de leur degré de non-stress permanent... Enfin, ici il y a la guerilla et les meutres qui pèsent comme menace perpétuelle, alors il vrai qu'il vaut mieux prendre la vie avec philosophie, et rien ne sert de stresser pour une queue interminable au supermarché, une attente trop longue auprès d'une administration, ou un retard inacceptable à un rendez-vous... n'est-ce pas ? Toujours est-il qu'on prend facilement le rythme local... enfin, perso, c'est fait. C'est aussi le mot qu'ils emploient pour accepter vos excuses quand vous avez fait une erreur ou que vous exprimez une inquiétude, ou celui qu'ils emploient quand vous essayez de leur mettre la pression... Alors, tranquille !!!
A horita. - La réponse presque systématique à toute
vos requêtes. Ne signifie absolument pas "oui j'arrive"
contrairement à ce que l'on pourrait penser, mais plûtot, "cours
toujours... bois d'l'eau pour que je vienne, ou que je fasse cela pour
toi"... enfin, là, c'est mon expérience personnelle qui parle, avec
Marcos particulièrement, l'électricien qui fait des travaux dans la maison depuis
deux mois, et qu'on a déjà attendu de longues et nombreuses après-midi... Toute
l'essence de la ponctualité légendaire des colombiens est contenue dans cette
expression. Variante : "Un minutico".
Mañana, si Dios
quiere. - J'ai
lu dans la copie d'une de mes élèves : "la Colombie est un état
laïque, alors pourquoi l'Eglise se mèle-t-elle toujours de ce qui ne la regarde
pas ?"... L'auteur de ce coup de gueule voulait alors défendre le
droit à l'avortement dans un exercice d'argumentation. Eh bien elle ne croit
pas si bien dire. Dieu et le Peuple sont les protagonistes les plus invoqué
dans ce pays en politique, et ce n'est pas un hasard : le Peuple croit
aveuglément en Dieu, alors pour le convaincre de voter pour vous, il faut qu'il
soit convaincu que vous croyez en Dieu, au minimum, voire même que vous êtes
l'élu de Dieu, pas corrompu (contrairement aux autres), qui saura lui promettre
monts et merveilles, et le sauver... La deuxième question après "comment
t'appelles-tu ?", c'est "quel est ta religon ?",
et quand vous n'en avez pas (genre, comme tous les profs du Lycée Français de
Pereira), on vous regarde ébahit, huluberlu... "No puede ser !"
(C'est pas possible) Bref, les colombiens ponctuent toutes les phrases de "Ave
Maria", "Si Dios quiere"... et il faut croire que rien ne
se passe ici bas sans la volonté de Dieu, et que Dieu ne veut pas grand chose,
parce qu'on attends toujours que notre électricien préféré (Marcos), finisse
son travail à la maison...
Enfin, il se peut qu'il fasse durer les travaux pour les beaux yeux de Virginie, qui plus est le trouve à son goût (scoop), mais bon, rien n'est prouvé...
Voili, voilou.