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Qui m'aime me suive...
28 juillet 2008

L'irlandais.

DSC_9043Il était une fois un irlandais qui n'avait rien demandé à personne et qui s'en était pris plein la gueule. Dans son long voyage de un an seul et avec son sac sur le dos en amérique du sud, il avait eu l'idée de faire une excursion de quatre jours dans la forêt amazonienne au Brésil, et par le plus grand des hasards, il se retrouva à partager cette expérience inoubliable au coeur de la Nature la plus pure, avec un groupe de spécimens exceptionnels de la pire des Cultures Humaines qui soit donnés de rencontrer á la surface de cette planète. Certes, le dit irlandais, sous toutes apparences, n'avait pas toutes les qualités pour attirer á lui la sympathie d'Autrui, mais nul ne mérite le mérpis ou la moquerie de celui qui par dessus tout se croit mieux placé pour juger du haut de ses principes ce qu'il interprète des intentions d'autrui.

Pour tout dire, l'étranger, qui en plus du malheur d'être un anglophone qui ne fait pas beaucoup d'efforts pour parler espagnol ou portugais quand il voyage en amérique latine (un anglophone quoi!), semblait avoir des moeurs incompréhensibles et inacceptables aux yeux du groupe de français qu'il a eu le malheur de rencontrer. En effet, dès qu'il était au soleil, l'irlandais se cachait dans son tee-shirt, le faisant remonter au-dessus de son nez, sans doute par crainte d'un coup de soleil douloureux sur sa peau de roux, non sans s'être au préalable badigeonné d'une bonne couche de crème solaire, de façon, comment dire, dégoulinante. De plus, il portait, sous son tee-shirt, anciennement blanc, et maculés de tâches de toutes les couleurs pouvant se rapprocher de la crasse, un coupe vent noir, dès qu'il partait marcher dans la forêt, peut-être par peur des piqures de moustique, mais au contact direct de sa peau, ce qui devait le faire suer particulièrement, et devait être à l'origine de l'odeur qui émanait de lui, aux dire de certains membres du groupe. Et enfin, le pire de ses défaut aux yeux des français, ces derniers étant dotés d'une grande éducation et d'un savoir vivre au dessus de tous soupçons, était d'avoir un sacré coup de fourchette. Car lá était le point sensible, le talon d'achille de certains des membres moteurs du groupe.

La présence de cet Autre, particulièrement vorace, a révélé chez eux une véritable angoisse de la famine, et même, plus précisément une obsession de la répartition équitable des aliments au sein du groupe. Il est vrai que partir en "expédition" dans la forêt amazonienne avec un guide (fort expérimenté, qui a coutume de travailler avec l'armée brésilienne, et qui ayant bien compris le stress de certain, s'est empressé de nous apprendre á reconnaître l'arbre "coupe-faim", un arbre qui peut permettre de survivre plusieurs jour en buvant une goute de sa seve diluée dans de l'eau...), partir comme ça dans la forêt, á 3 heures á pied et une heure en bateau de toute épicerie, quand on a toujours vécu à la ville avec un Mac Do à cinq minutes de chez soi et un frigo bien plein, c'est pas facile facile.

Bref, au camp de base, quand l'irlandais s'est servit sa première assiétée lors du premier déjeuner que nous avons fait avec lui, les commentaires ont fusé bon train, et quand le soir il s'en est servit, et qu'il n'est pas resté assez de poulet pour deux des membres du groupe qui étaient arrivés á table en retard, cela a été le scandale. Quand le groupe a su le lendemain matin que monsieur "je-bouffe-tout-et-j'en-laisse-pas-une-miette-aux-autres" avait son guide perso et ne viendrait pas avec nous, ce fût un "ouf" de soulagement chez les angoissés de la bouffe. Mais quand en fin d'après-midi, il a débarqué sur notre campement, en plein milieu de la forêt, avec un nouveau guide, cela a été la panique á bord ! Tout de suite, les mauvaises langues ont déclarés que c'était pour manger plus, qu'il avait peur de ne pas en avoir assez s'il était seul avec un guide, qu'il avait du demandé á rejoindre notre groupe (en réalité, l'endroit oú nous campions était déjà á moitié aménagé et sans doute le seul point de chute pour ce genre de sorties en foret), et je ne sais quelle autre hypothèse farfelues.

Bref, le soir même, quand le guide nous a servi sa bouillie de riz aux carottes et aux oignons, les éléments moteurs (les angoissés, qui croyaient bien sure bien faire, pour la survie du groupe) ont illico presto pris les choses en main, en se chargeant de fait, de la répartition de la pitance. De toute façon, les guides ont trés bien géré le truc (dont je pense qu'ils ont trés bien compris les tenants et les aboutissants), parce qu'il ont fait á manger, et ont mis la marmitte sur le sol devant le tronc d'arbre qui nous servait de salle á manger, et débrouillez-vous, chacun se sert s'il veut, ce qu'il veut... au pillage ! Précisons, qu'entre temps, lors du seul repas fait sans l'irlandais, les mêmes éléments avaient déjà trouvé un nouveau bouc émissaire, en la personne d'un membre du groupe qui s'était servi un peu trop copieusement á leur goût. C'est alors qu'on a pu s'apercevoir (mais certains ne s'en sont pas aperçut car ils ne voulait pas le voir) que non seulement il y en avait assez pour tout le monde, mais qu'en plus il y en avait assez pour se faire éclater la panse. Résultat, il en est resté, et on a pu même manger de la soupe de riz caramélisé (ou carbonisé au fond de la marmitte, c'est selon) le lendemain au petit déjeuner.

Mais les membres qui avaient eut le courage et la responsabilité de prendre cette situation á bras le corps en prenant l'initiative de faire le service afin que personne ne soit lèsé par l'ignoble goinfre sont sans doute allés se coucher avec le coeur léger et l'esprit en paix, fiers d'avoir sauvé la survie du groupe et d'avoir assuré l'équité et la justice dans la répartition de la nourriture... En tout cas, cela a dû calmer temporairement leur angoisse parce que quand l'irlandais le lendemain a osé se lever du tronc d'arbre salle á manger pour se resservir du même riz collant de la veille, ils ont regardés, surveillé, scruté ses gestes... mais n'ont rien dit, en tout cas pas tout de suite.

Le pire, c'est que vu comment, avec ou sans irlandais, la nourriture disparaissait en mois de cinq minutes comme si personne n'avait fait de repas depuis huit jours, vu comment chacun se jetait sur la bouffe, soit dans la peur de ne pas en avoir, soit par appétit réel, soit juste pour avoir sa part (même s'il n'a pas faim, afin de ne pas la laisser á un autre, et que la répartition soit égale, peu importe si les appétit eux ne le sont pas)... ce n'est pas tellement l'irlandais qui posait un probleme avec la nourriture, mais bien le groupe.

Heureusement pour lui, celui qui était la cause de tous les maux du groupe, parce que le groupe n'était plus capable de parler d'autre chose, ne s'est pas joint à nos promenades le jour suivant : il a fait les siennes dans son coin avec son guide. En effet, les membres actifs les plus virulants de cette fatoua à celui qui osera menacer la survie alimentaire et donc physique du groupe, formulaient leur critiques ironiques et parfois franchement de mauvais goût, á haute voix, et en présence du principal interessé, tout en sachant que tous savaient qu'il (l'irlandais), non seulement comprenait le français, mais en plus le parlait un peu.

Personnellement j'étais trés gênée pour lui de tout ce qui se disait sur lui et de l'attitude du groupe avec lui, et quand il m'a adressé la parole je lui ai répondu : j'ai même fait des photos de lui pour lui á sa demande, et je lui ai traduit en anglais quelques explications du guide lors de la seule activités qu'il a fait avec nous. ce dont il m'a remerciée. Mais il aurait été plus logique pour moi que ce soit le groupe qui aille vers lui. Ce qui n'a jamais eu lieu.

Mais quand le 2éme jour de l'excursion (1er jour en pleine foret), j'en ai eu marre d'être prise á partie par ces commentaires qui á mon sens extrapolaient complètement et auxquels je refusais de participer, alors que nous étions tous réunis sur le tronc d'arbre qui nous servait de salon (aussi), j'ai fini par dire "stop". Et lá, j'ai tout bonnement été accusée de vouloir "créer un clan" dans le groupe, avec l'un des membres qui lui aussi refusait de donner dans la persécution de l'irlandais (comme par hasard, celui qui était devenu bouc émissaire en l'absence du bouc émissaire le midi même). Ce á quoi j'ai répondu que "précisément non, c'est ce que je ne voulais pas, des clans qui s'affrontent, des groupes qui s'acharnent sur celui qui est plus faible parce que seul". Ce á quoi il m'a quand même été répondu que "je n'avais qu'à m'en aller si cela ne me plaisiait pas". Je m'étais levée pour aller prendre ma douche dans la cascade á ce moment là. J'ai donc répondu au membre qui m'avait interpellé qu'il avait dû déjà remarqué que je prenais peu part aux activités et aux conversations du groupe depuis deux jours, que ma désolidarisation était délibérée. Et je suis allée prendre ma douche.

Les rumeurs, remarques, commentaires se sont calmés, du moins en ma présence et á ma direction. J'en ai reparlé ensuite avec certains : du comportement de groupe qui prafois prend des dimensions incontrolables et qui peut avoir des conséquences irréparables, et surtout de l'exclusion d'un individu qui doit faire face á un groupe aussi peu engageant, voire même rebutant... Mais il a fallut quand même quelques jours APRES la fin du séjour dans la forêt pour que les quolibets sur l'irlandais cessent, et depuis que nous sommes revenus á la civilisation, chacun mange á sa faim (vu qu'on a beaucoup mangé au resto et que lá chacun paye sa part s'il veut doubler...).

Ceci dit, il était étrange quand même cet irlandais (dont certains á la fin du séjour ne savaient même pas qu'il s'appellait David) : il faisait de la musique tout seul dans son coin avec sa langue et ses dents en utilisant sa bouche comme caisse de résonnance... Super bizarre cet irlandais.

Voili, voilou.

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Commentaires
V
merci très sympa ce blog!!
C
quelle idee de voyager en foret amazonienne avec des francais aussi....!!!!<br /> <br /> t es en Amerique du Sud jusqu a qd????? je dois arriver en fevrier et je repars direct en tribu je pense....et sinon je rentre en France en septambre ou octobre si t es dans le coin....depuis le Lot le temps commence a se faire long sans que nous n ayons eu l occaz de poser nos culs autour d une table pour refaire le monde....<br /> <br /> un beso....cuidate
M
Je te salue toi l'Irlandais si jamais tu lis ce texte un jour.<br /> Elle est à toi cette histoire, l'Irlandais, dans laquelle certains humains se reconnaitront plus facilement que d'autres.<br /> <br /> Elle est à toi cette histoire, l'Irlandais, qui sans façon nous conte (compte) l'expression de notre cerveau préhistorique, et qui nous renvoie à tous les moments où nous avons été Irlandais, Petit, Gros,Portant-des-chaussettes-quand-les-copines-portaient-des collants,Basané,Trop-Pâle, Trop-Foncé,d'Ici ou d'Ailleurs,ou..ou.. ou... Nous sommes tous l'Irlandais-de-quelqu'un, et nous avons tous un centre Reptilien dans notre cerveau! <br /> La forêt amazonienne, primaire, nous prédispose à exprimer nos archaïsmes, et là, rétrospectivment quand chacun d'netre nous se regarde dans le miroir de la conscience force est de constater que nous avons notre part de barbarie qui sommeille en nous, bien tapie, prête à surgir à la moindre faille de notre humanité.que la limite est floue, faible, vague, ténue entre les deux.<br /> <br /> Cette histoire n'est pas une fable.<br /> Elle entame notre Ego qui nous a fait une réputation de Tout-gentil-jamais-méchant-ce-n'est-surtout-jamais-moi-voyons.<br /> Nous sommes ainsi : Humain côté Pile et côté Face.<br /> <br /> Elle est à toi cette histoire, l'Irlandais ...
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