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Qui m'aime me suive...
21 août 2008

Pousadas TOUTES fermées à Brazilia.

DSC_9745

En arrivant à Brazilia armés de trois guide touristique du Brésil tous périmés nous avons téléphoné depuis le terminal de bus à plusieurs pour savoir leurs prix et disponibilités. La plupart des numéros de téléphone n'existaient plus. Ce qui confirmait l'info que Clémence avait lu sur internet qu'elles avaient été toutes fermées par le gouvernement de l'état de Brazilia. Une seule a répondu, alors nous y sommes allés. Nous nous sommes répartis avec nos baggages dans deux taxis, et celui dans lequel j'étais qui est arrivé le premier à l'adresse indiquée. Nous avons atterri dans un quartier résidentiel normal, sans aucune enseigne de pousadas. Nous avons vérifié plusieurs fois que nous étions bien à la bonne adresse avant de sonner à la porte de ce qui nous semblait être la maison de quelqu'un. L'autre taxi nous a rejoint, ce qui nous a rassuré dans l'idée que nous ne nous trompions pas. La jeune femme qui nous a ouvert quand nous avons osé sonner n'a pas été étonnée. "C'est vous qui avez téléphoné tout à l'heure..." "Oui, c'est nous."

DSC_9738Nous entrons tous les six avec nos gros sacs à dos. Des banquettes sur le côté et une table au milieu. Elle sort un registre. Annonce la couleur. C'est 35 réals par personne. 35!!! Nous n'avons jamais payé plus de 25 par personne... Mais bon, nous étions avertis que Brazilia c'est cher, et nous tenions à y venir (moi je n'y étais déjà pas venue lors de mon premier voyage au Brésil et j'avais vraiment envie de voir de mes yeux ce à quoi cela ressemblait). Nous n'avons pas d'autre solution : les hotels, encore plus ici qu'ailleurs coûtent la peau des fesses. Nous acceptons. La jeune femme nous entraine dans un dédale de couloirs étroits où sont allignés dans dizaines de portes, qui donnent dans des chambres (des celules, des cages à poule) qui ne sont en fait séparées les unes des autres que par des cloisons très minces. Toutes les chambres ont de nombreux lits, entassés les uns sur les autres. Elles ont toutes une télé. Certaines mème ont des salles de bain privées. le tout est quand même un peu glauque : sombre, sale, matériaux usés... mais pareil, nous en avons vu d'autres, nous acceptons.

DSC_9741Le jour même, alors que nous revenons á pied du centre commercial tout proche oú nous avons passés l'après-midi (en mangeant dans un fast food, et en regardant un film états-unien de merde... une petite piqûre de rappel occidentale de temps en temps cela ne fait pas de mal...), nous sommes interpellés pár deux hommes qui discutent sur le trotoir et nous voient prendre des photos de tous les écritaux posés sur les maisons qui semblent en fait d'ancienne pousadas fermées par décision gouvernementales. Les messieurs commencent à discuter avec nous et nous expliquer pourquoi : les pousadas à Brazilia sont en fait des chambres d'hôte de standing très variable tenues par des particuliers et tolérées jusque là, mais le voisinage s'est plaind des soit-disant nuisances occasionnées, et cela tourne au réglement de compte personnel entre voisins quand certains se mettent à dénoncer pour servir leurs intérêts... Les délateurs seraient des voisins jaloux.

Au passage ils nous demandent oú on loge. On ne donne pas trop de précisions, mais il nous indique trés vite que son beau-frère tient une pousadas et que cela peut nous interesser. Nous, si on trouve mieux (plus accueillant) et moins cher, on est preneur, alors on y va. Nous suivons ce monsieur dans le labyrinthe des rues parallèles de ce quartier de petites maisons mitoyennes pour accéder incognito à sa pousada clandestine (elle aussi sans enseigne bien sure). Il nous demande de ne pas faire de bruit, et que si nous emménageons chez lui, de passer par tel chemin (éviter de passer devant les maisons des délateurs qu'il nous indique) et de ne pas venir tous les six en même temps avec nos sac à dos de touristes pour ne pas trop nous faire remarquer... Nous voyons ses chambres : beaucoup plus propres et sympas que celles oû nous sommes. Et le prix : le même que celle où nous sommes. Il nous explique qu'en fait la fermeture des pousadas sert les intérêts du gouvernement, et plus précisément du gouverneur actuel, vu qu'il est propriétaire de plusieurs grands hotels du centre (à Brazilia il y a un quartier pour les hotels), et qu'il mène une politique de concentration économique, et mème d'inflation par rarefaction, vu que depuis la fermeture officielle des pousadas, les prix des chambres dans les hotels ont doublé, et tout ceci, en prévision de la coupe du monde de foot-ball qui devra se tenir au Brésil en 2014, et donc en partie à Brazilia.

DSC_9743Puis il nous emmène dans une autre pousada un peu plus loin, dont il pense qu'elle nous conviendra mieux, vu notre profil de touristes. Une dame nous accueille. Il ya des restes de l'époque oú elle exerçait officiellement : un comptoir d'accueil, un ordinateur d'aministration des chambres, un tableau pour les clés des chambres, quatre ordinateurs où les clients pouvaient accéder à internet. Elle nous fait visiter : même dédale de portes dans des couloirs étroits. Visiblement deux maisons ont été réunies pour faire cette pousada. Les chambres sont grandes, nickels, les draps assortis et propres, le mobilier presque neuf,... Evidemment c'est plus cher : 50 reals par personne. Nous sommmes d'avis que pour le même prix que là où nous sommes nous déménageons chez elle. Elle accepte de nous faire 35 reals. Les temps sont durs. Elle ne doit pas avoir beaucoup de clients. Nous sommes six. Malgré ses longues explications sur ses impots exhorbitants et ce que cela lui coûte d'avoir une maison aussi grande dans un quartier résidentiel (même sans jardin, et mitoyenne des voisins)... C'est toujours ça de pris. Pour elle. Et ça de gagné. Pour nous.

Nous allons donc dormir une nuit lá oú nous avons déjá payé (la jeune femme de la première pousada voulait même qu'on paye les trois nuits d'avance... on comprend pourquoi maintenant : elle voulait s'assurer que nous n'irions pas voir ailleurs. Et le lendemain matin, nous déménageons, avec toutes les précautions indiquées, dans notre nouvelle pousada clandestine.

DSC_9739Le jour suivant, nous rentrons en taxi à la pousada (ce qui n'est sans doute pas très malin en matière de clandestinité et vu la réputation d'indic' qu'ont les chauffeurs de taxi du monde entier), et lá, le chauffeur, qui au passage nous propose ses services de guide pour le lendemain, et nous décrit quelques batiments sur notre chemin, nous explique le gouvernement a fermé toutes les pousadas pour nettoyer le ville parce que si certaines étaient salubres et correctes, d'autres hébergeaient des prostitués, des travestis, des drogués... dans des quartiers résidentiels où vivent des familles, et patati, et patata... Il nous indique aussi que ce même gouvernement, dans sa politique de grand nettoyage, lutte contre les cabinets vétérinaires clandestins qui font du traffic d'animaux, et surtout, les kiosques qui jalonnent les trottoirs de la ville et vendent nourriture par cher, journaux, tabac, etc... Bref, des kioques quoi !

Quand on sait que ces pousadas étaient dans la majeure partie des cas, et sont encore, dans une moindre mesure, le seul moyen de se loger des travailleurs venus de d'autres états du Brésil pour trouver fortune dans une capitale qui certe, coûte cher, mais qui part son activité économique, administrative (vu tous les sièges sociaux qui s'y trouvent) embauche beaucoup... il y a tout lieu de se demander jusqu'á quel point une telle décision (la fermeture des pousadas) n'est pas un procédé de nettoyage social... pour faire de Brazilia la ville utopique, non plus communiste comme ses concepteurs, mais fasciste, capitale des affaires et du pouvoir brésilien, propre à tous les coins de rues, d'apparence parfaite, pour mieux accueillir la Coupe du Monde Foot-Ball de 2014, mais aussi les travailleurs et les investisseurs étrangers.

Voili, voilou.

Les photos de haut en bas : "L'homme public devrait réfléchir et résoudre les problème. Pas prendre des décisons radicales qui protègent l'élite et massacre les travailleurs. Députés, personne ne ferme un commerce du jour pour le lendemain, précisons á l'heure locale des pousadas. Messieurs les députés, la faim et le chômage sont très tristes, ils corromp le corps, et anéantit l'âme." > "Ne faites pas aux autres ce que vous ne voudriez pas qu'on vous fasse. Nous sommes au chômage." > "Etablissement d'interdiction, Gouvernement Du District Fédéral, Interdit en raison du manquement aux exigences légales de la Loi numero patati patata,..." > il reste l'avancée qui indique qu'il y avait une pousada, mais les lettres de l'enseigne ont été retirées > sur les affiches, "la pousada oú on dort bien" propose des chambres avec internet, télévison et cable, un numéro de téléphone, et on vient vous chercher là où vous êtes" !

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