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Qui m'aime me suive...
14 septembre 2008

Travailleuse clandestine 1h30 par semaine.

Enfin. Toujours pas de sous. Toujours pas de travail. Toujours un peu froid (10ºC). Mais bon. L'air circule dans mes poumons, le sang dans mes veines, je fais un repas par jour : des pâtes ou du riz. Je bois beaucoup de thé pour me donner l'impression d'avaler quelque chose, et pour me réchauffer. Asi es la vida.

Je n'ai pas grand chose d'autre à raconter en fait. Mon humeur est un peu maussade. Je ne fous rien de mes journées. Rien de productif et satisfaisant. Ou pas grand chose. Enfin si, je cherche du travail, je passe des entretiens qui ne servent à rien, j'attends que le ciel me tombe sur la tête.

En fait je me suis renseignée sur les sites du gouvernement argentin. Tous les employeurs que j'ai rencontré (3 en entretien) ou que j'ai eu au téléphone (5 pour me proposer un poste), m'ont tous demandé si j'avais un numéro de "CUIL". C'est un numéro du type registre de Chambre de Commerce qui permet de recevoir des factures pour paiement et de travailler en indépendant. Or pour avoir ce numéro il faut avoir une "carte d'identité" argentine, ou une "carte de séjour", que je n'ai pas, et que je ne pourrais pas avoir, car pour obtenir un visa de résidence (permanente ou temporaire) en Argentine, comme dans la plupart des pays de la planète, il faut soit avoir un contrat de travail dans une entreprise argentine, soit être marié avec un argentin, soit être né dans un autre pays mais de parents argentins, soit vivre en Argentine depuis des années, soit être réfugié politique (quoique, avec Sarko j'aurai peut être des arguments, non ?)... Ce qui n'est pas mon cas. Le serpent qui se mord la queue. Logique. Typique. Même pas étonnant. Normal quoi !

Si les citoyens des pays pauvres galèrent pour travailler et vivre légalement en occident, il n'y a pas de raison que dans l'autre sens ce soit plus facile : personnellement, j'approuve, sur le principe de protection des frontières et du marché de l'emploi (œil pour œil, dent pour dent).

Et même si je trouvais quelqu'un qui accepte de m'embaucher avec contrat de travail et tout et tout, les démarches pour l'obtention d'un visa de travail (qui donne lui à un visa de résidence), se font, comme dans la plupart des pays de la planète, dans un consulat d'Argentine à l'étranger.

Et c'est des démarches du genre : extrait de casier judiciaire vierge récent, extrait d'acte de naissance, passeport, bien sure, et le tout traduit en espagnol, et apostillé... Sinon en plus des frais de traduction et d'apostillation, cela coûte 200 pesos argentins. Voilà.

Autant dire que je n'ai aucune envie de me lancer dans ce genre de galère si c'est pour rester ici deux mois de plus ici, voire moins, si j'arrive à réunir les sous plus tôt. D'ailleurs, je me disais que quand j'aurai récupérer les sous du lycée, je rentrerai bien directement avec cet argent.

Maintenant, les difficultés que je rencontre ici pour travailler légalement me font dire que je devrais peut-être prendre mes devants et m'organiser pour rentrer en Colombie directement avec un visa de travail et de résidence temporaire (c'est-à-dire avec un emploi), alors je vais écrire à l'Alliance Française de Pereira, et on verra ce que ça donne.

En tout cas, cela donne à réfléchir de se retrouver dans la situation d'un travailleur clandestin (ce que je suis quand tous les vendredis je donne 1h30 heures de cours de français par semaine à Paulina, la cousine de Mélina, l'amie qui m'héberge ici) : nous ne sommes définitivement pas libres sur cette planète, et c'est bien dommage. Enfin, tout ça, tout ça.

Dans ces circonstances : il y a les jours avec, et les jours sans. Heureusement il y a les illusions dont on arrive à se convaincre qui nous permettent de garder l'espoir, et parfois même procurent un certain plaisir... réel celui-ci. Les rêves sont parfois si réconfortants, qu'on s'y identifie au point de les vivre, que ce soit par procuration, et la réalité est parfois tellement surréaliste, que la frontière entre le rêve et la réalité est souvent vraiment si mince, confuse, floue... qu'elle n'existerait presque pas.

Sinon du côté des petites additions (enfin, des soustractions devrais-je dire), vendredi matin c'est Liliana qui m'a prêté quelques pesos pour payer le bus et le métro afin que j'aille donner mon cours de français à Pauli chez elle. A la fin du cours elle m'a payée (1h30 = 37,50 pesos).

Cette fois encore (deuxième cours), elle m'a invité à déjeuner avec elle, et on a discuté une bonne heure et demi, en espagnol, de sociologie (elle est sociologue), de cinéma (elle s'intéresse à la sociologie visuelle), de philosophie (Descartes, Sartre, Leibnitz), de linguistique (ser, estar, existir)... bref, le genre d'élève que tout le monde voudrait avoir et qui pourrait bien devenir une amie.

En rentrant j'ai remboursé mes dettes aux pensionnaires (les bières bues dans la semaine, et la soirée pizza qu'on s'était faite le dimanche précédent et pour laquelle l'un d'eux m'avait avancé les sous), j'ai payé la moitié des légumes que Liliana et moi avions convenu d'acheter et de cuisiner ensemble pour le week-end, et il ne me restait déjà plus que 12 pesos. Après avoir acheté 1kg de pates, et 1kg de riz... il me reste exactement 5,35 pesos... que je garde pour prendre le bus et le métro afin d'aller donner mon cours de français vendredi prochain... La semaine va être longue ! J'espère qu'il y aura de bon films à la télé !!!

Voili, voilou.

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Commentaires
S
Jajaja Charlotte ce truc de Sarkozy et le réfuge politique est vraiment très drôle jajaja... Comment va ton voyage tout autour du cône sud? J'espère que bien... Tu nous manques beaucoup, salut! Simón... "Hasta Siempre, Comandante!"
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