Obama, noir à l'extérieur...
Obama, président noir et démocrate d'une démocratie pas si démocratique qu'il n'y parait... Tout ce qu'on peut souhaiter c'est qu'il soit bien intentionné (à l'égard des états-uniens et du reste du monde), conscient du jeu qu'il a dû jouer pour arriver là, et qu'il ne gâche pas l'image positive qu'il vient de construire, pour tous les noirs-états-uniens (qui sont en majorité Républicain, et se convertiront peut-être en masse au parti Démocrate), parce que dans le fond, tout ceci n'est qu'une mascarade, n'est-ce pas ?
Parce qu'il ne faut pas rêver... ce ne sont pas les citoyens
états-uniens qui ont choisi un noir-états-uniens directement en votant
pour Obama. Je vous rappelle que le président des Etats-Unis est élu à
la proportionnalité des résultats des élections des grands électeurs :
députés et sénateurs (même les gouverneurs, maires et chefs de police
qui sont élus aussi directement ne pèsent pas dans la balance), et en
fonction du "poids électoral" de chaque état par sa population. Les
états-uniens auraient-il choisi un président noir et démocrate s'ils
avaient été libres de le faire ? Rien de moins sur. En fait Obama a été
élu par une ribambelle de députés et de sénateurs bien WASP qui
l'utilisent (pourvu qu'il en soit conscient) comme marionnette d'un jeu
électoral bien complexe. D'ailleurs, avec un tel système électoral pour
les présidentielles, ce sont tous les présidents des Etats-Unis qui
occupent cette place de marionette, à commencer par Reagan, président
pendant huit an, et ex-acteur de western bien ringards et conformistes,
héros des années d'expansion économique aux Etats-Unis et grand porteur
du modèle du self-made man, col blanc à Wall Street qui réussit avec
l'argent, pour l'argent, par l'argent... dans un American dream qui
ressemble étrangement au "Travail, Famille, Patrie" de nos années
fascistes en France sous Pétain pendant le régime de Vichy.
Dans l'histoire des élections présidentielles aux Etats-Unis (depuis
1824, depuis que l'on compte les résultats du vote populaire, même si
on ne le prend pas en compte), de nombreux présidents ont été élus sans
la majorité des votes du peuple états-uniens (étant donné que le vote
n'est pas exprimé pour le candidat aux présidentielles, mais pour
l'élection des Grands Electeurs qui ensuite sont le relais du choix
entre Démocrate et Républicain). Cela a été le cas de Bill Clinton les
deux fois, mais aussi George Bush la première fois (la fois où il a
triché en Floride contre Al Gore...), Jimmy Carter était juste
(50,05%), Nixon était dedans (43%), même Kennedy n'était pas dans le
coup (49,72% des votes populaires, mais de toute façon ils s'en sont
débarassé autrement...), et puis aussi Truman, Wilson les deux fois,
Harisson, Cleveland les deux fois, Garfield, Hayes, Buchanan, Taylor,
Jackson la première fois... le plus fort étant Lincoln, qui a été élu
en 1860 avec 59% des voix des grands électeurs mais 39% de celles du
peuple... Et que serions-nous si la Guerre de Sécession n'avait pas eu
lieu, l'esclavage n'avait pas été abolit, et les Etats-Unis n'étaient
pas devenus un état fédéral (et donc riche, grand, uni, et puissant)
???!!! Obama n'aurait peut-être jamais été candidats... Au total, sur
45 élections présidentielles depuis 1824, 17 présidents ont été élus
sans la majorité des votes populaires, plus du tiers...
Obama au moins à ça pour lui : il obtient la majorité des votes populaires... C'est déjà ça !
Et puis, revenons à nos moutons (à notre brebis noire, Obama), avant
tout il faut relativiser. Pourquoi un candidat démocrate noir ? Le
parti Démocrate a choisi d'être politiquement correct en faisant ce
choix, et de manipuler les esprits, l'opinion publique en se fabriquant
une belle image médiatique de tolérance et de multiculturalité, en
choisissant un afro-américain charismatique (un bon Oncle Tom, qui sert
fidèlement des valeurs WASP) pour candidat. Les élections c'est un
show. Il ne faut pas l'oublier.
Vous me direz, les Républicains auraient choisi comme "noir de service"
Colin Powell en 1996 (qui a renoncé à être candidat de son plein gré),
ex-chef d'état major des armées et acteur de la Guerre du Golf, d'abord
il aurait perdu face à Bill Clinton, réélu en 1996 sans l'ombre d'un
doute, on aurait pas eu l'affaire Monica Lewinski qui mine de rien a
discrédité pour un moment les démocrates aux yeux des états-uniens,
portant peut-être même encore l'opprobre dans l'inconscient collectif
sur la possible candidate démocrate femme qu'était Hilary Clinton, et
on aurait peut-être échappé à George Bush en 2000 et en 2004, à la
Guerre d'Afganistan, celle d'Irak, et de bonnes parties de rire avec
toutes les conneries qu'il a dite...
Et puis si les Démocrates ne l'avaient pas fait, les Républicains
auraient eu plus de mal à le faire, ce choix d'un candidat noir. En
1996 ceci dit, face à Colin Powell potentiel candidat républicain, les
démocrates n'avaient pas encore eu l'idée, eux, de choisir un noir.
Alors que les Républicains, eux ils ont aussi Condoliza Rice... qui est
à George Bush, ce que Lucette Michaux-Chevry, sénateur-Maire de la
ville de Basse-Terre, ex-présidente du Conseil Général de la
Guadeloupe, et ministre de la Francophonie sous le gouvernement de
Jacques Chirac, premier ministre de François Mitterand pendant la
coalition de 86 à 88, est à Jacques Chirac lui-même, longuement
Président de la République Française, avant de prendre sa retraire en
Corrèze avec une réserve de bière Corona pour regarder les matchs de
l'équipe de France ! C'est à dire un autre faire-valoir politiquement
correctement "femme et noire". Le must du politiquement correct.
Encore une fois c'est la loi des quotas (d'intégration forcée) et de la
discrimination positive qui gagne, comme à Hollywood, où il a fallut
des lois pour que les minorités ethniques soient visibles sur les
écrans... D'ici que le Président des Etats-Unis, soit élu pour son
talent (et que ce soit un noir, reconnu pour son talent), comme Denzel
Washington (2001), Jamie Foxx (2004), Forest Whitaker (2006), ou même
Hale Berry (2001) ont obtenu des oscars pour leurs rôles au cinéma...
je crois qu'il ne faut, encore une fois, pas trop rêver !
Bon d'accord, je suis peut-être injuste dans mon ironie et mon
exagération, mais sincèrement, je ne pense pas que les états-uniens
auraient eu le COURAGE de choisir Obama, s'ils avaient eu le choix,
s'ils avaient été libres, et vivaient dans une vraie démocratie. Je
vous rappelle que les "forces du mal" sont toujours plus actives et
déterminées que les résistants, les humanistes, les tolérants, les
révolutionnaires, les rêveurs, les Jedis... (d'où la nécessité de
s'activer un peu... petits Jedis qui me lisez... la Révolution n'attend
pas).
Enfin, la seule chose qu'on y gagne, c'est un président démocrate, ce
qui est à priori et par définition un peu moins pire qu'un président
républicain... je veux dire, pour le Reste du Monde (nous), car par
définition, la politique Démocrate, à l'opposé de la politique
Républicaine, c'est plus d'interventionnisme étatique dans la politique
sociale et économique intérieure (une sorte de socialisme qui ne
s'avoue pas parce que "Vade Retro Satanas, les communistes c'est des
sorcières!"), et moins d'interventionnisme militaire dans la politique
internationale (ce dont le Moyen Orient, l'Afrique, qui sait, la Chine,
et même Chavez, bref... tous les endroits où il y a du pétrole et de la
concurrence économique pour les Etats-Unis, doivent se réjouir...).
Alors moi je dis, vive la démocratie, et pourvu qu'elle existe un jour !