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Qui m'aime me suive...
3 avril 2009

Conflit social en Guadeloupe : je ne sais pas.

En réaction au mail d'une de mes plus fidèles lectrices sur ce blog :
"Comme beaucoup de gens je suis bien contente que tu recommences à écrire sur ton blog, j'étais persuadée que tu avais finalement mis à exécution tes menaces de te couper complètement du monde informatico-webien! Au moment même du conflit social en Guadeloupe où tu aurais eu tellement de chose à expliquer, partager, protester! J'étais un peu blasée de ne pas te lire à ce sujet..." (Caroline, par email, vendredi 3 avril 2009)

Le conflit social en Guadeloupe ? C'est, je l'ai déjà expliquée, l'une des raisons de mon envie de retour au pays natal... mais, surtout, cela a été la raison principale de mon silence sur le blog. Oui, j'ai été très occupée par mes cours particuliers et mes projets à l'Alliance, mais surtout je me suis sentie frustrée de ne pas être en Guadeloupe pour vivre ces événements avec elle, sa population, de ne pas partager cette action, ces changements,... et par dessus tout, de me sentir tellement bien intégrée à une réalité toute autre et si différente en apparence, si lointaine, que je n'arrivais même pas à lire et m'intéresser à tous les articles et autres réactions que tout le monde m'envoyait alors sur ma boîte email pour précisément partager avec moi cet événement. Je les ai tous stockés dans un dossier, j'en ai lu un dixième, et je n'ai pris connaissance de la plateforme du LKP* que quand un élève de ma classe à l'Alliance Française m'a interrogé sur le conflit social en Guadeloupe, dont il avait entendu parler sur TV5, et qu'il voulait que je lui explique : il en savait plus que moi et j'ai été incapable de lui dire quoique ce soit. J'avais sciemment ignoré ce qui se passait, alors que Maman et Julie m'en parlaient tous les jours sur le chat de Gmail : Julie qui crevait la dalle parce que son atelier de lutherie n'a pas tourné pendant tout ce temps, et Maman qui devait gérer les tensions dans le personnel de l'institution dont elle est chef de service et dont le directeur a trop longtemps hésité à assumé la situation pour finalement décider du chômage technique afin d'effacer les dissencions entre grévistes et non-grévistes, l'institution ne pouvant plus fonctionner normalement de toute façon. Alors je me suis forcée à me documenter, j'ai replongé dans la floppée de mail reçus et classés sans être lus, et j'en ai acquis une compréhension superficielle, factuelle, pour pouvoir au moins comprendre ce que d'autres en disaient. J'ai même organisé un de mes cours de conversation avec un de mes élèves du lycée français sur ce thème et à partir d'articles trouvés dans le NouvelObs.com (ils ont fait tout un dossier sur le conflit), j'ai même donné les documents récupérés aux personnes qui me questionnaient, et s'adressaient à moi légitimement parce que je suis guadeloupéenne, et c'est en partie ce qui m'a poussé à organiser le projet sur la Guadeloupe à l'Alliance Française pour la fête de la Francophonie, utilisant l'activité comme prétexte à partager et vivre par procuration tout ce qui me manque : la Guadeloupe et ses multiples facettes culturelles, historiques, environnementales, etc... Car sur le conflit je n'avais et je n'ai toujours rien à dire. Que dire quand on a pas vécu les choses, quand on ne sait pas ? Parler du conflit israelo-palestinien sans savoir (sans avoir vu ou vécu, c'est-à-dire sur la base des points de vues et informations diffusés par la presse), quand on est ni israelien, ni palestinien, cela reste un exercice intellectuel facile et auquel la plupart des gens succombent. Mais allez parler dune part de vous-même dont vous ignorez tout ? Croyez moi, cela déchire intérieurement, cela blesse, que de réaliser qu'on ne sait pas, et que tout ce qu'on peut dire c'est ce qu'on a lu dans un article, ou ce que untel nous a dit. Que du descriptif, et encore, récolté par les médias et les témoignages des proches qui l'ont vécu. Moi je n'y étais pas. Je ne sais pas. Et ça me fait mal. En fait je me suis sentie complètement déconnectée d'une partie de moi même à ce moment là : comme si j'avais raté quelque chose, comme si je n'étais pas là où je devais, incapable de me sentir concernée, incapable de m'impliquer à distance, incapable de prendre position, de porter un avis... Moi qui avait toujours imaginé ce type de mouvement pour la Guadeloupe : analyse en profondeur d'une situation économique et sociale, mais aussi politique, réflexion sur une histoire, remise en question profonde, revendications déterminées et justifiées, action radicale et efficace. Mais là encore, j'ai l'impression d'être à côté de la plaque : je fantasme sans doute une mobilisation quasi révolutionnaire et idéale, qui a pu ou aurait pu être le lieu de débat, d'éducation, de transmission culturelle... alors que si ça se trouve, cela a juste été une grève comme toute les autres, où les profiteurs sont ceux qui protestent contre la "profitation"... En fait je n'en sais rien. Et il faut que je sache. Je veux savoir. Un cyclone social est passé sur la Guadeloupe, une vague rumeur m'en a apporté l'information, il faut que je sache, que je vois de mes yeux, que j'aille voir moi-même ce qu'il en est.

Voili, voilou.

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