Adresse à Mme Elisabeth Badinter.
Lisez donc cet article de Elisabeth Badinther, et qui circule en ce moment sur Facebook et internet en général. Prise de position que je ne partage pas... La laïcité (et les libertés fondamentales garanties par la déclaration universelle des droits de l'homme et du citoyen) devraient garantir à tout individu dans tout pays démocratique le droit de s'habiller comme il veut (pour des raisons religieuses ou pas) et le droit de vivre et pratiquer sa religion comme il l'entend. Ces mêmes principes devraient incliner les citoyens dans leur ensemble à tolérer les us, coutumes et moeurs des autres, dans la mesure oú la liberté des autres n'empiette pas sur la leur.
Personnellement le port de la burqa en France ne me dérange absolument pas : libre à elle de faire ce qu'elles veulent. Envers et contre l'avis et le jugement de tous : maris, parents, femmes qui vivent cet habit comme un emprisonnement, état et citoyens qui y voient un atteinte à la liberté des femmes, etc...
Comme musulmane, c'est sur que je ne la porterai pas, et il semble évident que cette règle qui n'est même pas imposée par l'Islam tel qu'il est dans les textes sacrés, mais seulement par des groupes islamistes fondamentalistes dans certains pays oú effectivement les droits des femmes ne sont pas respectés, et ce de façon ultra violente. Mais rappelez-vous aussi que c'est souvent pour afirmer leur identité, et revendiquer leur appartenance religieuse que ces femmes recourrent au port de la burqa, consciemment, ou inconsciemment, c'est à dire pour être reconnue comme femme musulmane, dans un état, la France, qui se dit laïque, mais ne tolère pas les pratiques religieuses de certains, les jugeants irrespectueuses des femmes, ou ostentatoires...
S'insurger contre le port de la burqa, c'est aller à coup sûr vers un durcicement des positions des deux parties : celles qui le revendique, peut-être même par provocation, et ceux qui lutte contre, sous prétexte de défendre la liberté et les droits des uns, mais piétinant au passage ceux des autres, et ce dans une intolérance non assumée. Et que faites-vous de la liberté de l'individu à être mal... à exprimer sa souffrance... à se rebeller contre les normes... à vivre libre ???
Exhorter des individus à ne pas être tel qu'ils sont et tels qu'ils ont envie d'être, sous-prétexte que ce qu'ils représentent à nos yeux, nous le jugeons choquant, nous le jugeons dommageable pour eux-même, pour nous, et pour d'autres qui vivent ailleurs une autre situation... c'est à mon sens une forme de terrorisme intelectuel, d'intolérance, et je trouve cela décevant de la part d'une philosophe de renom, et si engagée pour la cause des femmes, et pour les droits et les libertés dans le monde, comme Elisabeth Badinter, dont par ailleurs j'admire les écrits tel que XY ou de l'Identité Masculine, qui propose une lecture de la féminité et de la maculinité dans nos sociétés, très subtile, très fine, et très constructive.
En prononçant et en publiant ce discours, usant de sa réputation pour être entendue, elle stigmatise les femmes qui portent la burqa en France, et entre malgré elle, dans les rangs de ceux qui malheureusement tiennent des discours (certes plus simpliste que le sien) mais néanmoins racistes envers les musulmans de France, quels qu'ils soient.
Car par ailleurs, je doute de l'efficacité de ce genre d'appel, publié dans la presse, et qui ne sera certainement pas lu par les intéressées, mais par les intelectuels qui cherchent des arguments, qu'ils soit logiques, ou d'autorité (comme Elisabeth Badinter se prononánt sur ce sujet peut en constituer un en soi, d'argument d'autorité, puisqu'elle fait autorité en la matière), pour mieux isoler, exclure, et caricaturer les musulmans, et ici les femmes musulmanes, de la définition de "français" dans le cadre du débat actuel et officiel, lancé par le gouvernement, sur l'identité nationale. C'est donner des arguments aux racistes.
A-t-elle pensé, elle aussi, aux conséquences de ses propos, non seulement pour ces femmes qui ne choisissent pas de porter la burqa dans des pays éloignés où ne règnent pas les même lois que chez nous, ni la même culture, mais aussi pour celles qui font ce choix librement, essayant de vivre pleinement la liberté et la Démocratie dans cet état français auquel elles appartiennent, veulent appartenir, et sont fière d'appartenir ?
Alors libre à Elisabeth Badinter de dire ce qu'elle veut, à qui elle veut, comme elle veut et où elle veut, mais non, je ne partage pas sa position, car elle me semble injuste, eronnée, inefficace, illogique, un chouilla intolérante, limite ethnocentriste... et étant donné la place qu'elle occuppe en tant que philosophe de renom dans les débats intellectuels en France, irresponsable.
Voili, voilou.