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Qui m'aime me suive...
9 juillet 2007

C'est par où la sortie ? Fin de semaines au vert.

Sortir... il faut que je sorte de cette ville. Je ne pense qu'à ça en ce moment.
Pour tout vous dire de mon "mood" (humeur)... Jeff Buckley me remonte le moral : c'est vous dire ! Bénis sois-tu Jeff. Hallelujah.
Aussi, quand le week-end du 30 juin, celui où je déménageais de ma colocation rue Duluth pour me réfugier dans le sous-sol de chez Héloïse en attendant mon départ de Montréal, Héloïse m'a proposé de m'échapper à la campagne avec elle et un copain à elle... je n'ai pas beaucoup réfléchi, j'ai dit "oui" tout de suite.
Nous sommes donc partis dimanche fin de matinée dans la Subaru Break vert canard de Ian jusqu'à sa maison de Saint-Michel-des-Saints, à deux bonnes heures de route de Montréal, au bord du Lac Taureau... La route traverse la campagne, des petits villages, elle est longée de granges. Puis elle longe la rivière Noire, la route des Sept chutes, qui coulent dans une vallée de conifères... puis arrive Saint-Michel-des-Saints, à l'entrée de la vallée qui a été inondée pour élargir le petit lac Toro (de son nom amérindien) dans les recoins de la vallée, donnant au lac une forme de longue étoile avec de nombreuses baies. Peu de maisons, mais que des barraques immenses... de la résidence secondaire par dizaine. On est loin du concept de "cabane" au Canada. Pas de piscines... mais qu'importe, chacun a sa vue et son accès au lac. Les autres ? Eh bien ils se contentent du petit périmètre de baignade surveillé de la plage municipale, parce qu'au delà des flotteurs, c'est le royaume des petits bateaux à moteur et autres jet skis. Quelques campings, une école de voile. Partout des petites criques, des petites plages, des pontons, des îles. Partout autour la forêt, la montagne, et son reflet sur le lac. Le bonheur.
A peine arrivés Ian nous emmène dans le bois. Nous grimpons sur une petite montagne, une petite marche dans les bois, jusqu'à un belvédère, avec vue sur toute la vallée, histoire de faire connaissance avec les lieux. Et puis on redescend doucement à travers la forêt, poursuivis par les moustiques... On longe un ruisseau, et parfois le sentier au milieu des fougères est remplacé par des petites passerelles de bois pour éviter de mettre les pieds dans la boue... et heureusement parce que je n'ai amené que mes tongues encore une fois... nous passons aux abords d'un étang abandonné par les castors... le barrage fuit. Puis par un corridor d'immenses rochers couverts de plantes et de mousses... dans la lumière descendante de la fin de journée... je vis la plus grande frustration photographique de ma vie. En effet, une semaine plus tôt j'ai laissé mon appareil photo à réparer chez Nikon Canada : l'objectif est bloqué en mode automatique... je ne pouvais plus faire de photos qu'en mise au point manuelle, ce qui n'est pas un problème en soi, mais l'appareil a moins d'un an, et j'espérais pouvoir faire fonctionner la garantie pour qu'il soit remis en état de marche. Là j'ai découvert que la garantie sur les appreils photos numérique n'était pas internationnale mais limitée au pays d'achat... j'ai décidé de le laisser quand même à réparer... jamais je n'aurai pensé que je découvrirai justement pendant ces quinze jours de privation de mon appareil, prolongation de mon oeil, ce corridor aux matières, aux couleurs et aux lumières magiques... enfin. la ballade est une boucle et nous revenons au parking.
Le lendemain, Ian nous emmène chez ses parents qui sont absents, en vacances en France. Il doit tondre la pelouse, lourde responsabilité. Héloïse et moi nous nous installons sur la pelouse... la pelouse la plus verte et la plus moelleuse que j'ai vu de ma vie. Nous avons commencé une partie de scrabble allongée sur ce matelas naturel et frais... mais la pluie nous en a chassé rapidement. Après la tonte du gazon, nous sommes descendus au bord du lac sur l'accès qui appartient au parents de Ian, pour nous baigner. L'eau était fraiche elle aussi, mais tout juste à mon goût. J'aime quand l'eau est froide juste au point d'en être saisissante, mais pas assez pour vous obliger à bouger ou nager au risque de geler sur place et d'en être paralysé.
En fin d 'après-midi nous nous sommes mis à la recherche de vers de terre dans le trou à composte du jardin de Ian pour aller pécher sur la chute de l'autre côté de la route en face de sa maison. Nous avons donc récolté les vers de terre, puis nous les avons enfilé délicatement dans toute leur longueur sur les hameçons, puis nous avons tenté d'appater le gros poisson... Nous n'en avons pris que des petits, mais avec les petits, Ian (et nous) espérions en prendre un gros, quand un père est arrivé avec ses deux fils pour pécher juste sur notre spot. achiganLa rivière est à tout le monde, mais nous pouvons légitimement penser qu'arrivés plus d'une demi-heure avant eux, nous méritions plus le gros, que dis-je, énorme achigan qu'ils ont attrapé avec leurs hideux appats orange fluos en plastiques, en moins d'un quart d'heure. Enfin. Nous sommes rentrés bredouilles, et nous avons mangé des pomme-de-terre grillées au barbecue avec je ne sais plus quel viande à la place du poisson qui nous avait fait saliver une bonne partie de l'après-midi.
Mardi nous nous sommes contentées d'un bain dans le lac dans le périmètre de la plage municipale, puis d'un bain de soleil à sécher, pendant que Ian resté chez lui se démenait à des travaux de titan pour agrandir, isoler, améliorer, aménager sa maison dont il loue quelques chambres à desd planteurs d'arbre, un jeune moniteur de l'école de voile toute proche,... et parfois même à des esthéticiennes de passage... Je dis ça parce que le jour où nous sommes arrivés, Ian a trouvé un mot sur la table de sa cuisine lui anonçant que ses deux chiens, Palès et Bacchus avaient échappé à la vigilance de celle censée les surveillée, Mélanie, l'esthéticienne qui louait alors la chambre numéro deux. Ian n'a retrouvé ses chiens que le lendemain, à la fourrière : les deux fripons avaient été retrouvés en train de draguer une chienne en chaleur du village. Mais bon, le lendemain, Bacchus s'est à nouveau fait la malle, cette fois sans manque de vigilance de Mélanie, puisqu'elle n'était pas là, et il a repointé comme si de rien n'était, à l'appel d'Héloïse, alors que Ian était déjà parti en voiture à sa recherche, par monts et par vaux... bref, voilà les petits événements qui ont rythmé nos trois jours à la campagne sur les bords du Lac Taureau en ce premier week-end de juillet.
La suite, plus difficile, est celle du retour à la ville... douloureux. Il était censé il y avoir un bus à 23h au départ de Joliette pour Montréal. Ian et Héloïse avaient consulté les horraires sur internet. Nous sommes donc partis vers Joliette (à presque deux tiers du chemin pour Montréal). Ian nous a emmené au Faste Fou, un sorte de fast food local, où on mange naturelleme,nt des frites et des hamburgers... mais alors, quelles frites, et quels hamburgers ! Un régal. Puis il nous a emmené à l'Azile, le bar où se réfugient les gens sains, pour se protéger du monde fou dans lequel nous vivons... et où Ian retrouve régulièrement ses amis. Nous y avons bu une bierre rousse en attendant, et avons testé le shooter local : le karibou, une décoction alcoolisée à base d'herbes... un goût de vin de noix, sympa. Puis 22h30 est arrivé et nous avons dit aurevoir à tout le monde. Nous nous dirigieons vers la gare de bus, et là, personne. Pas de bus. Le dernier bus était à 22h. Ce qui n'est pas pour déplaire à Héloïse qui avait précédemmment sympatisé avec des gens dans le bar, et qui de toute façon aime bien les ambiances de bars. Ian et elle retourne illico sans trop se poser de questions au bar avec pour magnifique projet d'y passer la nuit jusqu'à la fermeture... que nous prendrions le premier bus ou le suivant le lendemain matin. Ce que j'en pense ? Tout le monde s'en fou.
Moi j'ai au contraire pas du tout accroché avec les gens dans l'Azile en question. Il y a une fille qui m'a serré la main comme si j'avais la lèpre alors que j'étais plutôt avenante à son encontre, et alors qu'à Héloïse elle l'a serré franchement. Et puis il y a ce type, qui fait rire tout le monde avec ses anecdotes marantes d'accrobranche... et qui me fait même rire d'ailleurs... mais qui fait eactement comme si je n'existait pas. C'est à dire que je suis assise à table entre lui et Héloïse, qu'en face de moi Ian est retourné pour discuter avec des amis à lui arrivés ensuite, et que le type en question mittraille de questions Héloïse : "qu'est-ce que tu fais ? ça fait longtemps que tu vis à montréal ? etc..." Qu'ils discutent de tout et de rien, que tou se passe bien, enthousiasme réciproque, convivialité, etc... comme si je n'existais pas. Je m'en fous qu'on me pose se genre de question banales. Je n'ai même pas envie de répondre à ce genre de question. Je veux juste un peu de considération, de respect. Je suis un être humain, sociable, et interdépedant de sa nature sociale...
Et quand il a raconté un truc interessant sur l'accrobranche, qui est un sujet qui m'intéresse, et que je lui ai posé une question (il est sauveteur le week-end dans un parc d'accrobranche, et prof d'histoire la semaine), qu'il a expédié sa réponse pour se débarasser de moi, et qu'il a enchainé sur un autre sujet avec Héloïse, me zappant littéralement, là j'ai commencé à ressentir un malaise, qui s'est confirmé ensuite, quand, essayant de me frayer une place dans la conversation j'ai été simplement et franchement ignorée. Nous étions deux nouvelles dans ce groupe : Héloïse et moi. Héloïse a été tout de suite été intégrée à partager les discussions. Moi je me suis vite sentie transparente, et pourtant, tout ceux qui me connaissent savent que je ne suis pas du genre timide, réservée, inhibée, ou coincée, bien au contraire.
Résultat, quand j'ai vu que pas de bus, et que retour à l'Azile de départ, je me suis choisie une table dans le noir à l'intérieur, loin de la terrasse remplie de tous ces connards, et je me suis mise à écrire, à noircir des pages et des pages, à déverser mon fiel et ma haine sur cette bande de racistes de merde... Vive la campagne québecoise, et ses petits blancs au cerveaux étroits qui en oublient complètement qu'ils vivent et se nourissent de la terre des amérindiens qu'ils ont si gentillement parqué dans des réserves, sous perfusions d'alcool et d'assistanat... n'allez pas me parler ensuite du Québec libre, et de la défense de la culture francophone en Amérique du Nord. Foutaises ! J'ai fais les comptes et, excusez moi du peu, mais les francophones d'amérique, ne sont pas moins des colonisateurs que les anglophones, certes plus nombreux, à qui ils essayent de faire porter le chapeaux de leurs malheurs culturels... et l'amérindienne qui sommeille en moi, la négresse qu'ils voient en moi (et qu'ils préfèrent avoir en faience dans leur jardin, car ici le nègre de jardin est bien plus populaire que le nain de jardin), elle a envie d'en tuer quelques uns, comme ça, au hasard, quand elle se sent humiliée et rejetée à ce point. Enfin. C'est encore la colère qui parle... (même sur la légitimité  d'une défense de la culture québecoise VERSUS le déni de la question amérindienne, j'ai ma petite idée, et qu'elle n'est pas très loin de ce que je viens d'exprimer confusément à travers ma colère)...
Cet incident n'a pas été sans conséquence dans ma bonne entente avec Héloïse qui n'a pas pu faire grand chose pour changer la situation, étant donné que elle s'y éclatait vraiment. Je suis donc restée pas moins de quatre heures, seule à écrire dans mon carnet. Des pages que j'ai ensuite déchirée, et que je devrais d'ailleurs bruler, tant la haine qui s'y déverse comme la lave d'un volcan pourrait être dangereuse si ces feuillets venaient à tomber entre les mains d'un ange qui vit sur un nuage et n'a pas encore mis la main dans le coeur gluant des mortels ici bas sur Terre...
Vers quatre heure du matin une douce main est venue me reveillée pour me proposer de venir dormir chez elle. Elle m'a ouvert la porte d'une chambre dans son appartement à trois minutes du bar. J'ai dormi quelques heures sur un matelas au sol. Puis quand je me suis reveillée dans la matinée, Ian et Héloïse étaient là, avec l'une de nos hotesses, Mathilde (nous étions chez son amie Julie et Mathilde est une amie d'enfance de Ian). Ian nous a déposé à la station de bus et s'est empressé de retourner dans son village au bord du lac, avec Mathilde qui y travaille dans une Auberge pour l'été. Et Héloïse et moi avons attendu le bus, une heure de plus.
Nous sommes rentrées à Montréal sous la pluie... et je vous passe les détails. Notre engueulade. Ma colère que je n'ai même pas pu exprimer complètement. A personne. Pas même Héloïse qui pourtant a essayé de m'écouter, comprendre. Mais cela perturbe le bonheur invincible et la nouvelle vie en rose qu'elle s'est fabriqué ici à Montréal, au Québec. Je ne peux pas lui en vouloir de ne pas avoir été victime de racisme... Ceux qui savent comprendront.

J'ai passé les plus sales heures de ma vie, dans mon tourment intérieur, pour contrôler ce flot de haine en moi... Sans compter le principe même du retour à Montréal, ville si chère à mon coeur.
J'adore les maisons de Montréal, leurs escaliers en colimaçon qui montent parfois jusqu'au deuxième étage en extérieur, leurs petits carrés de fleurs et de verdures si bien entretenus, leurs balcons peuplés de fauteuils où les gens sortent au moindre rayon de soleil... Nous étions mercredi.
Héloïse et moi avons réussi à nous entendre sur les termes de notre cohabitation dans les jours suivants... Il a fallut que je ravale mon orgueil et que je pase l'àponge sur la blessure toute fraîche. Même à Kim, qui peut être lit ces lignes, je ne me suis pas sentie de confier ce qui était arrivé. Pourtant à Lille, l'année ou nous nous sommes rencontrés, nous avons essayé avec Papis, un sénégalais, de passer la soirée à nous amuser dans un bar le jour d'Halloween. Nous nous sommes fait rembarrer partout ou nous avons essayer d'entrée. Kim est asiatique, Papis est noir, et je suis métisse. Peut-être aurait-il compris, lui ? Mais je n'ai rien dit quand j'ai déjeuner avec lui le lendemain, parce que j'ai déjà eu l'occasion de parler avec lui de ma désagréable expérience de Montréal, et que je crois qu'il ne la comprend pas, n'accepte pas mon point de vue... Je n'ai pas voulu en rajouter une couche. Je me suis tue.

Héloïse m'héberge dans son sous-sol. Il y fait sombre, mais il y fait frais. Il m'a fallut un moment pour me remettre de ce choc culturel. Il me faudra un moment pour me remettre de ce choc culturel que je vis depuis deux mois à Montréal. Je ne me suis jamais sentie aussi peu bienvenue dans une ville de ma vie. Je ne me suis jamais sentie aussi seule dans une ville de ma vie. Montréal est tout sauf ce qu'on m'avait dit que j'y trouverai... et je n'ai qu'une idée en tête, en sortir.

Le jour de mon retour, j'ai trouvé un message dans ma boîte email, de la proviseur du lycée où je vais travailler à la rentrée prochaine comme prof de français en Colombie. Elle y explique que finallement les documents qu'ils doivent envoyer pour que nous (les nouveaux profs) fassions nos démarches de demande de visa de travail ne seront envoyés que vers le 15 juillet... Mauvaise nouvelle. Moi qui pensait en avoir fini vers le 10 juillet grand maximum et pouvoir m'évader vers les Etats-Unis pour le reste de l'été. Enfin. Il va falloir que je prenne mon mal en patience.

Je décide de m'atteller concrètement à la préparation de cette future vie en Colombie, la seule perspective concrete que j'ai, et à laquelle je dois me raccrocher. Je vais déposer mon diplome dans une société de traduction pour qu'il soit transcrit en espagnol. Je reprend contact avec la future prof des écoles qui avait proposé de faire une colocation. Je contacte les anciens locataires des maisons qui se libèrent près du lycée. Je contacte les profs de français pour en savoir plus sur les conditions d'enseignement, les classes, le programme, le niveau d'expression française. J'écris aussi au proviseur adjoint qui doit faire les emplois du temps pour qu'il me dise quel nivaux de classe je vais avoir. tout le monde me répond, tout le monde me donne des indications et des informations précises, constructives. Tout le monde me rassure sur ce qui m'attends... Même la Colombie m'apparait comme un paradis de paix et d'hospitalité en ce moment...

Vendredi matin, j'ai un email de Séverine (et Pierre; les français que j'ai rencontré lors d'un covoiturage à Québec et qui ont repris contact avec mois un mois plus tard) : ils vont camper au Mont tremblant ce week-end. il faut que je sorte de la ville, que j'y échappe. J'appelle tout de suite sur le protable, je tombe sur Pierre, il est au travail, je lui demande : "est-ce que je peux venir avec vous ? On partagera les frais, la location de la voiture, le camping, la bouffe etc..." Peu importe où il vont, peu importe leur programme... il faut que je sorte.

Il y a eu une autre fin de semaine au vert, d'un tout autre genre que le précedent. Qui se finit mieux d'ailleurs, en dehors du fait que, irrémédiablement, je reviens à Montréal, tant que je n'aurai pas fini mes démarches de demande de visa de travail auprès du consulat de Colombie. Mais je vous le raconterai la prochaine fois, et puis il y aura des images, parce que cette fois je suis partie avec un appareil photo jettable, histoire de vous montrer les paysages de carte postale que possède les grands espaces canadiens. La nature est mon seul bonheur ici, un véritablement enchantement.

Voili, voulou.

PS : Ce message a été légèrement modifié à la demande de certaines des personnes concernées, et dans le soucis de préserver leurs vies privées.

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