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Qui m'aime me suive...
21 décembre 2007

Comme un lundi.

Noël est une fête visiblement très importante pour les colombiens, très croyants, très pratiquants, très famille, et très consommateurs... Les maisons sont enflammées de guirelandes lumineuses, les balcons peuplés de père noël dans les positions les plus inconfortables, les centres commerciaux bondés d'une foule qui pourtant n'a pas les moyens de se ruiner, et qui dépense ce qu'elle n'a pas. Bref. Une véritable folie. Mais il y a les traditions aussi, et il semble qu'ici, pendant neuf jours avant Noël, il y a ce qu'on appelle les Novena. Tous les soirs, la famille se réunie et prie l'enfant Jésus. C'est derrière ce prétexte que les élèves de seconde, lundi matin, m'ont supplié, très sérieusement, d'agréber leurs souffrances, en supprimant une partie du travail que j'avais programmé : à savoir, une évaluation le lendemain matin pendant deux heures (en l'occurence, deux heures d'analyse d'un extrait inconnu d'une oeuvre que nous étudions depuis un mois, en suivant la méthodologie du brouillon du commentaire de texte que nous travaillons depuis deux semaines, afin de rendre au bout de deux heures, introduction, plan détaillé, et conclusion... pas la mer à boire quoi), et un commentaire de texte à rédiger comme devoir à la maison, et à rendre avant les vacances (à partir d'un plan extrèmement détaillé fait en classe tous ensemble). Bref. J'arrive (le jour où j'étais en retard, comme par hasard). Tout de suite ils m'interpellent : "Charlotte, il faut qu'on te parle... On a trop de travail... Tu comprends nous on est catholique... en ce moment c'est les novena... on a pas le temps de travailler le soir... et patati et patata..." Après cinq minutes de débat sur le thème paradoxal du respect des pratiques religieuses dans une école laïque, j'ai accepté de leur accorder un délais pour le commentaire de texte, reconnaissant moi-même que le délais de huit jours accordé au départ pour le rédiger était un peu court (je m'étais fait la réflexion en le faisant), et fixant la date limite au 10 janvier, pendant les vacances, 9 jours après les fêtes, à m'envoyer par email, sinon c'est un 0/20... le tout en maintenant l'évaluation du lendemain, première évaluation du deuxième trimestre, alors la moitié en est déjà écoulée (5 semaines sur 12). Parce que les colombiens sont comme ça, très expressifs, tres démonstratifs... des appaludissements et un grand ouf de réjouissement et de soulagement grandit dans la salle. Je souries. Et je sors mon paquet de feuille : "Rangez toutes vos affaires : interrogation surprise !"

Tous les élèves de la planète qui lirons ceci me trouverons certainement sadique, mais je puis vous assurez que l'ironie de cette situation ne m'a procuré aucun plaisir. Mon sens du devoir, du bon sens et de la raison sont bien plus puissants que mon instinct malin. Je reste persuadée que c'était le moment idéal pour vérifier qu'ils faisait leur travail, et pour vérifier qu'ils avaient bien compris ce que nous ressassions depuis un mois dans le cadre de cette séquence sur l'Ecole des Femmes. En tout cas, les élèves de seconde, qui venaient de m'applaudir, ont été blême, de surprise,...

Mais bon, il devaient s'en douter car cela faisait une semaine que je leur répétais : "attention, n'oubliez pas de bien lire les chapitres de votre livre sur le 17ème siècle, la tragédie, la comédie et Molière" !!!"

Voili, voilou.

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