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Qui m'aime me suive...
20 novembre 2008

Lettres à un ami qui est au séminaire.

Vendredi 26 septembre 2008, de Buenos Aires.

envoieteslmessagers<< Tu dis que tu es un "rejeton" de Dieu... mais ne crois-tu pas qu'il vaut mieux venir à Dieu tardivement après avoir expérimenté d'autres réalités, pour mieux les comprendre, pour mieux comprendre les Hommes, et être conscient de ce que Dieu peut apporter aux Hommes, et du pourquoi on s'engage dans une telle voie, que de s'engoufrer prématurément dans un chemin que le manque de maturité ne permet pas d'apprécier à sa juste valeur ? Il me semble qu'une conversion comme la tienne est bien plus forte et plus profonde : en tout cas elle a du sens à mes yeux. Tu ne verras jamais surgir dans ton chemin éclésiastique des frustrations charnelles ou matérielles, parce que tu as vécu ses excès et que tu sais ce qu'elles peuvent apporter d'auto-destruction, tu sais qu'elles ne sont pas essentielles, ces tentations auxquelles nous succombons tous (même s'il se peut que ton choix puisse être aussi une façon de te choisir des garde-fou extérieurs pour ne plus retourner à ces excès qui t'ont blessés)... De plus tu sais ce que peut et ne peut pas l'Eglise : tu l'as observé de l'extérieur. Tu connais ses limites. Tu auras toujours plus de recul, et ton engagement de ce fait me semble plus mesuré et plus durable. Mais bon... ce ne sont que des projections, des hypothèses,... tu me diras si je me trompe ou non.

inquisitionPour ce qui est du Vatican et de ses richesses, je pense quand même que cela a été très longtemps un instrument de pouvoir au service de quelques hommes qui n'avaient pas grand chose à voir avec Dieu : le massacre au nom de Dieu et la conversion de force des peuples d'Amérique, les Croisades, l'Inquisition, les guerres de pouvoir entre la Papauté et les Rois d'Europe, l'hypocrisie du pardon des péchés à ceux qui payent, le refus d'éducation même religieuse aux pauvres, en professant la messe dans une langue qu'ils ne connaissaient pas, pour mieux manipuler les foules, l'usage du jugement dernier et de la mythologie chrétienne pour terrorriser les masses ignorantes, fabriquer des générations de "coupables", coupable d'avoir été tentés, d'avoir péché... et cette, excuse du mot, "putain" de culpabilité judéo-chrétienne qui nous tire tous vers le fond parce que les sociétés dans lesquelles nous vivons sont toutes imprégnées de ce conditionnement moral sans même savoir d'oú il vient...

Enfin, la religion reste un bel instrument d'éveil, et la parole du Christ est à mes yeux un des jalons culturels et spirituel des plus importants de l'histoire de l'humanité, si seulement il n'avait pas été autant perverti par les Hommes.

untitledJ'espère que l'Eglise Catholique d'aujourd'hui sait se repentir de ses erreurs passées pour ne pas les reproduire, qu'elle sait lire librement et spirituellement ce texte si précieux qu'est la Bible, sans l'interpréter de façon interessée, qu'elle sait remettre en question ses mécamismes moraux et socio-culturels dans l'intérêt des croyants qu'elle guide, qu'elle va évoluer vers plus de spiritualité...

Sinon, pour ma part, je lui pardonne tout, à elle et aux Hommes qui l'ont utilisées, à bon ou à mauvais escient. Je me dis que Jésus, s'il avait pu voir tout ce qui a été fait ensuite de sa parole, tournerait sept fois sa langue dans sa bouche... mais il n'y a pas de regrets à avoir : il fallait que l'Humanité vive ces épreuves pour prendre conscience profondément de sa voie et de ses limites. Les erreurs sont nécessaires pour se construire, pour les hommes, comme pour une institution comme l'Eglise Catholique. Très sincèrement, je pardonne à l'Eglise et à ses hommes toutes leurs erreurs.

Et comme ce sont les hommes qui font l'Eglise, et non l'inverse, je suis fière de savoir qu'il y en a au moins de bon à l'intérieur pour sauver les autres... Je suis fière de ton engagement.>>

Jeudi 20 novembre 2008, de Pereira.

<< L'image de ton professeur, "Le bocal à Jésus", c'est joli... mais il ne s'agirait pas d'être des "Jésus en bocal", enfermés à l'étroit dans des principes moraux à regarder le monde à travers une fenêtre en verre panoramique sans pouvoir y participer... n'est-ce pas ?

pechesJ'adorerai de savoir plus de tes nouvelles découvertes : raconte moi, si tu as le temps. J'ai du mal à t'imaginer comme Julien Sorel au séminaire de Besançon qui découvre les conflits de pouvoir dans le clergé (Le Rouge et le Noir de Stendhal)... On est plus on 19ème siècle ! Ca ressemble à quoi l'Eglise catholique vue de l'intérieur eu 21ème siècle ? Stratégies publicitaires pour recruter des nouvelles brebies ? Audit par une société de communication pour restructurer l'image de Dieu ? Politique de transparence des comptes de la société pour fidéliser le client et le mettre en confiance ? Ou bourrage de crâne à coup de développement personnel pour intégrer au chemin religieux les bénéfices des nouvelles techniques de la plus grande découverte du 20ème siècle, qui a priori aurait dû provoquer la mort de Dieu : la psychanalyse !??? Je suis très ironique dans ma formulation, mais tu sais que je suis sincèrement curieuse de tout ça...

Tous les chemins mènent... non pas à Rome (ou au Vatican)... mais à Soi, et à l'Autre à travers Soi, ou inversement, c'est au choix, et donc à l'Homme en soi, son essence divine (pléonasme ?), et donc, symboliquement, à Dieu, non ?

Je t'embrasse comme je t'aime, toi, mon prochain, malgré nos différences, ou plutôt grâce à nos différences... >>

Voili, voilou.

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