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Qui m'aime me suive...
17 novembre 2009

Je reviens d'où jamais personne ne revient...

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Je reviens d'où jamais personne ne revient... et évidemment, vous vous doutez que je ne suis pas vraiment revenue. Mon coeur, mon esprit, mon âme sont restés là-haut, perchés à 3900m d'altitude, quelque par entre les maisons des paysans du Bosquet, et la Laguna del Otun, tant désirée et jamais atteinte. En décembre dernier, j'étais montée jusqu'au Bosquet alto avec un ami : quatre jours de marche sous la pluie et dans la boue, trois nuits sous la tente et dans le froid, un après-midi à errer sur le plateau du Bosquet à chercher la sortie (ou l'entrée) vers la Laguna del Otun, en vain, découvrant au passage des étangs couverts de lentilles d'eau dans la brume et les barbelés... paysages mystiques et expérience déterminante qui devait à jamais rester gravée dans ma mémoire. Eh bien j'y suis retournée, à la montagne, sans mon guide attitré, mais avec un autre guide, d'un autre genre, très différent, que j'aime aussi énormément. Nous étions huit femmes dans la montagne, cette fois. Les sept autres s'étaient déjà réunies et organisées, et l'une d'elle, mon guide, m'a proposé de me joindre à elles, alors que je débarquait à peine chez moi, à Pereira. Samedi matin, je me retrouvais à 6h30 à la gare routière des Chivas (gros camion 4x4 de fabrication locale et aux décorations très colorées), à deux quadras du parque La Libertad oú tout est encore fermé, mon sac à dos posé à mes pieds, buvant un tinto, en attendant Céline, celle qui m'avait embarqué dans cette aventure. Départ à 7h, 1h30 de chivas jusqu'au Cedral, 2h20 de marche jusqu'au refuge de la Pastora où nous laissons la plupart de nos affaires pour que des mules les porte là-haut, puis encore 5h de marche tranquille jusqu'à la maison des paysans qui ont monté nos sacs avec leurs mules et qui nous attendent pour dîner, coucher et petit-déjeuner, au Bosquet du bas. Il a fait beau toute la journée : juste une petite averse au moment du déjeuner sur l'herbe (un sandwich et une pomme vite avalés, chassées de la clairière par la pluie). Vers 17h, nous arrivons après nous être un peu égarées : à faire des photos, à discuter, nous sommes montées trop haut sur le chemin principal et avons raté l'entrée qui mène chez nos hôtes. Je rencontre là les autres : trois que je connais, trois que je découvre. Nous dînons ensemble en face du coucher de soleil droit devant nous au fond de la vallée : patacon, riz, pomme-de-terre, oeufs brouillés, fromage et aguapanela pour se réchauffer. Nous partageons deux pièces pour la nuit : cinq dorment au sol sur des matelas, trois potentiellement ronfleuses dorment dans une autre pièce, deux sur un lit, l'autre sur des tapis de sol. Le deuxième jour, réveil matinal, brossage de dent, remballage des affaires dans les sacs (qui vont redescendre à dos de mule le jour même d'où ils sont partis la veille), petit-déjeuner qui tient au corps (beignets de farine sucrés, riz, oeuf brouillé, fromage et café avec panela), puis 8h, c'est reparti pour un tour. El Bosquet bajo - El Bosquet alto : la pente est raide à travers champs, mais quel ravissement de retrouver l'école, la chapelle où nous avions déjeuner le deuxième jour lors de ma première expédition jusqu'ici, cette fois-ci dans le soleil, et non cachée dans la brume, laissant voir les collines environnantes, les champs de pomme-de-terre fleuris, les vaches,... et pas seulement le chemin boueux qui l'est toujours. El Bosquet, grâce à nos guides bien expérimentées (Céline et Isabelle) nous allons tout droit vers le portillon du champs où commence le chemin à la Laguna del Otun. Pas d'erreur possible, cette fois. Et là commence la montée sans fin : nous traversons un champs, puis une allée boisée, puis la végétation change, l'oxygène se raréfie, nous atteignons le paramo... et à chaque virage chaque petit col, j'espère voire apparaître la Laguna,... une petite descente, et c'est la Lagune del Mosquito qui apparaît, encore un effort, et à 12h nous sommes assises dans les rochers qui surplombent la Lagune vers le mirador. Pic-nic très bref, séance photo de groupe. Et hop, c'est reparti : la route est longue jusqu'à la Pastora. Pastora-Laguna del Otun, en théorie 7h d'ascension (pour moi 9h, tranquillement), or il reste à peine 5h de soleil pour tout redescendre au milieu des cailloux et des rochers glissants et dans la boue. Les lampes de poche sont restées dans les sacs qui eux sont déjà redescendus à la Pastora. Il faut y arriver avant le coucher du soleil. La montée est une épreuve qui apporte satisfaction quand on atteint son objectif, la descente est une épreuve bien plus ingrate, qui tente de vous retenir tout là-haut... Les filles descendent en courant. Je descends tranquillement, avec Céline qui m'attend de temps en temps dans un virage en prenant des photos d'oiseaux, et en guettant un gros mammifère sauvage des prairies qui ressemble à un fourmilier, la Danta. En repartant de la Laguna, nous croisons une bonne quinzaine de personne, dont une famille qui a dormi comme nous chez les agriculteur du coin et qui y retourne dormir le soir suivant, et un groupe de touriste de Bogota, qui est parti très tôt de la Pastora, et espère y retourner le jour même (en l'occurrence, une folie pure, étant donné leur condition physique très moyenne, le dénivelé de 1000m, les difficultés respiratoires liées à l'altitude, leur peu d'équipement, ne serait-ce qu'en eau et en choses à grignoter pour se donner de l'énergie,...). Céline et moi prenons tout notre temps : nous nous arrêtons même chez une fille du coin qu'elle connaît et qui nous offre une tasse d'aguapanela, puis cette dernière nous indique un raccourci par la forêt, moins caillouteux mais plus boueux, et surtout étroit au milieu des arbres, ce qui me fait penser aux sorcières et aux esprits résidents de ces montagnes. Une petite pause à 18h à Peña Bonita, la dernière étape de la descente après El Bosquet, El Jordan, Peñas Blancas... puis nous terminons la dernière heure à la lumière de la lampe frontale de Céline, que je porte, et qui attire les insecte, mais nous évite bien des chutes et des blessures. Nous retrouvons les autres à la Pastora, le refuge, oú nous attendent matelas, couverture, vêtements secs et chauds dans nos sacs à dos. Elle finissent de dîner : nous ne pouvons avaler qu'une soupe, et au lit ! Le troisième jour est tranquille : réveil sans réveil, brossage de dents, habillage, rangement du sac à dos que nous allons porter cette fois, petit déjeuner toute ensemble, et puis il faut remettre les pieds blessés et endoloris dans les chaussures toutes mouillées... Dernière heures de marche tranquille, à flâner entre les libellules et les chants d'oiseau. La chiva du Cedral repart à 11h. Les filles y sont à 10h. Céline et moi à 10h30. Les bogotanais se font attendrent. petit stress au départ parce que je crois avoir perdu mon opinel. Je le retrouverai quelques heures plus tard en dépliant mon sac à la maison... (shame on me). Deux heures de chiva jusqu'à Pereira. Mes pieds refusent de retourner dans mes chaussures. C'est pieds nus que j'embarque dans la chiva et que je prends la taxi avec Virginie et Aurélie. 14h on est à la maison : douche pour tout le monde, la machine à laver tourne tout l'après-midi, petite partie de Scrabble avec Nicolas qui est resté au chaud et au sec tout le week-end, petits cubes de fromage de vache cuit à El Bosquet là-haut, mais le fromage du Bosquet a meilleur goût quand on le mange à El Bosquet... mangé ici dans la vallée, il a un goût de nostalgie.

Voili, voilou.

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Commentaires
A
Chère Carlotta,<br /> Comme il y avait longtemps que je ne t’avais lue ! Et avec quelle joie j’ai lu ces phrases : « Mais quel ravissement de retrouver l'école, la chapelle où nous avions déjeuner le deuxième jour lors de ma première expédition ». Comme si la sensation de déjà vu ajoutait de la couleur à la perception ! puis, cette phrase : « La descente est une épreuve bien plus ingrate, qui tente de vous retenir tout là-haut... »<br /> Merveilleuse nostalgie qui s’insère dans le corps endolori, plus apte et plus lucide au souvenir de ce qui n’existe déjà plus. Finalement, cette belle phrase : « Dernière heures de marche tranquille, à flâner entre les libellules et les chants d'oiseau »…<br /> Qu’ajouter à ce simple bonheur de te lire.<br /> Ainsi, ce que tu écris est un hymne à ma solitude. J’y adhère absolument. Tu as ensoleillé ma journée, l’a jetée dans une moiteur mystique que j’ancre dans le vivant. Mon parcours d’Hermite ne comporte aucune de ces couleurs mais il se réjouit de la finesse de ton propos.<br /> Tu m’écriras. J’ai besoin de cette folie que j’aperçus dans ton regard, jadis. Cette liberté qui t’appelle. Abreuve-t-en sans relâche. C’est l’écho du souvenir que tu laisseras à ces siècles endormis..,<br /> Amitiés…<br /> André<br /> P.S. Ma pensée s’effondre mais devient neuve. Un peu grâce à la lecture de tes textes…<br /> P.P.S. J’aime la rigueur de ta paresse. Elle porte l’être à la seule volupté qui la requiert, l’illimité…<br /> P.P.P.S. Deux de mes récents textes :<br /> <br /> http://andremeloche.canalblog.com/archives/2009/11/17/15839543.html<br /> <br /> http://andremeloche.canalblog.com/archives/2009/11/13/15791535.html
M
de nouveau l'aventure....bisous
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